Jour de brune.

Jour de brume et de bruine.

Tout semble flotter dans le gris. Le gris cotonneux. Tout s'étouffe et résonne à la fois. Dans le lointain, les spectres évoluent, et leurs contours tantôt s'affirment, tantôt s'effacent. Ces sombres silhouettes.

     Les couleurs sont dissonnantes. Dissonnantes et vaines. Seules celles des arbres d'automne sont authentiques et légitimes. Dans cette sourdeur et cet immobilisme, rien ne devrait vibrer. Rien que les feuillages rouges qui, après tout, ne sont que d'autres nuages, des pétales qui donnent à ce gris laiteux toute sa valeur.

Jour de bruine et de brume.

Comme l'ardoise te sied ! Et les eaux grises de la Maine...

   Les fenêtres semblent mentir, écrans derrière lesquels tout se joue... Mais, qui peut vivre, jouer, parler, un jour pareil ? Vignes vierges et vert de gris, enveloppez ces murs, faites taire ces faux témoignages : aucun coeur ne bat.

Aujourd'hui.

Jour de brune.

Nous ne sommes que des spectres.