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Par la fenêtre, dehors et dedans.
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4 novembre 2009

Comment s'en sortir ?

Désabusée. C'était le mot. Désabusée. Elle attendait depuis longtemps et en avait maintenant assez. Allongée sur le dos, genoux repliés, mains sous la tête, elle contemplait le plafond. Il n'y avait rien à y voir, à vrai dire. Un plafond tout à fait banal, blanc, crépi – mal crépi – irrégulier certes, mais pas pour autant intéressant. Il figurait assez bien son état d'esprit, en somme... couleur et relief : faibles ; intérêt et force volontaire : néant. Et mal crépi, "comme ma tronche", pensait-elle.

Mais qu'attendait-elle, au fait ? Un événement, quelque chose, une histoire passionnante, une activité dingue, une aventure, un drame, une explosion... Que quelque chose de violent la contraigne à se mouvoir, à changer de vie. Et puis, rien. Toujours le train-train. Le même joyeux train-train auquel elle prenait habituellement plaisir, mais qui se ternissait inexorablement. Les gens, plus tôt à l'origine de déflagrations sentimentales en son coeur engourdi, faisaient maintenant partie du décor, et même son envie d'en connaître plus, de tisser des liens, était devenue une accoutumance, trop familière, affadie, presqu'écoeurante, en fait. Tout la fatiguait. À tel point qu'elle avait envie de disparaître, mais ne pouvait même pas se résoudre à mourir ou à vivre : ni l'un ni l'autre ne la tentait. Alors elle restait là, inerte, sur le canapé, à fixer le plafond, cherchant quelque chose qui la secoue un peu.

Il lui fallait toujours des extrêmes. Pour se sentir vivante, elle avait besoin de créer, mais en grand : remeubler entièrement un appartement, changer intégralement de look, reconfigurer toute sa vie professionnelle (encore jeune et incertaine, mais enfin...), être enceinte... Elle changeait si souvent de perspectives que d'une semaine à l'autre elle pouvait être une personne tout à fait différente, bien que son environnement et son entourage ne bouge pas d'un poil, et ne semble même pas en avoir conscience. Bien sûr, voilà qui était à la source d'une accumulation de frustrations, qui se muaient doucement mais sûrement en découragement, puis elle se sentait désabusée, épuisée, et n'avait plus envie de rien. Et puis cela recommençait, encore et encore.

Elle était instable, mais elle le savait, et savait que cela ne faisait pour autant pas d'elle quelqu'un d'incertaine ou d'indigne de confiance, pour peu que son proche entourage le réalise et l'accepte. Non, tout compte fait, instable n'était pas le mot. Changeante, oui. Elle était changeante. Un jour bleue, le lendemain verte ou dorée, etc. Un jour prof, le lendemain artiste, une semaine jeune fêtarde, la suivante maman...

Et elle se sentait enfermée, prisonnière avec tout ça à l'intérieur de son corps, de sa tête. Et tout cela l'épuisait, l'éreintait, finissait régulièrement par déborder en sanglots irrépressibles, alimentés par la détresse, la conscience de ne jamais être comprise et de ne jamais pouvoir s'épanouir. Et cela aussi l'épuisait, parce qu'elle trouvait ça inutile, qu'elle ressentait le ridicule de son drame interne, la corruption d'un surplus de sentiments inutiles et destructeurs. C'était généralement à ce moment-là qu'elle avait des envies d'ascèse, de vie dépouillée, de retraite monacale. Et cela non plus, elle ne pouvait le réaliser...

Comment s'en sortir ?

Tout était si lourd, si long, si laborieux, se lever pour aller aux toilettes, traverser le salon, tendre le bras pour attraper un livre, utiliser le téléphone, parler... Cétait si difficile, si... Peut-être que ça irait mieux demain, alors vite, que demain arrive. Si seulement elle pouvait trouver le sommeil, que le temps passe plus vite... mais ses rêves étaient si épuisants, eux aussi. « Contactez immédiatement votre médecin en cas de détresse et/ou d'idées noires ». Utiliser le téléphone, parler...

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